Le ballon gastrique : lesquels, pour quels résultats, quels risques ?
Les ballons gastriques associés à une prise en charge pluridisciplinaire pour modifier le comportement alimentaire et reprendre une activité physique sont une aide à la perte de poids chez les patients dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 27.
L’obésité, un problème de santé publique
La prévalence de l’obésité était en 2016 de 15,8 % pour les hommes et de 15,6 % pour les femmes.
L’obésité entraîne des complications métaboliques, cardiovasculaires, digestives, respiratoires et rhumatologiques. Elle augmente le risque de dépression, de cancer et diminue l’espérance de vie.
Les conséquences socioéconomiques sont importantes
Les ballons gastriques sont des outils d’aide à la perte de poids en association à une prise en charge pluridisciplinaire pour modifier le comportement alimentaire, et à la pratique d’une activité physique afin d’obtenir un résultat pérenne dans le temps.
Pour plus d'informations, contactez-nousUn marché est en plein développement
Plusieurs ballons gastriques ont le marquage CE.
Un ballon plus récent est commercialisé :
- le ballon Orbéra 365® en silicone, non ajustable, d’une durée d’un an
Pour quels résultats ?
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Le fonctionnement
La pose d’un ballon est associée à une réduction de la sensation de faim, à une augmentation de la satiété et à une diminution de la prise énergétique quotidienne. Le ballon induirait des variations de certains peptides impliqués dans la régulation de l’appétit comme la ghréline, la leptine et l’adinopectine et une diminution de la sécrétion de cholécystokinine et de peptide P. Le ballon induit une augmentation du volume de l’estomac proximal, une augmentation de la compliance gastrique ainsi qu’un ralentissement de la vidange gastrique. Ces effets diminuent avec le temps.
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Pour qui est indique le ballon gastrique ?
Le ballon gastrique est indiqué :
- chez les patients en surcharge pondérale ou en obésité non morbide (IMC > 27 kg/m2 suivant le type de ballon) n’ayant pu parvenir à une perte de poids durable malgré une prise en charge nutritionnelle par un médecin ou un nutritionniste
- chez les patients en obésité morbide (IMC > 40 ou > 35 kg/m2, avec comorbidités) qui refusent la chirurgie bariatrique.
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Les contre-indications
Les contre-indications sont nombreuses :
- maladie hépatique sévère
- maladie de Crohn
- troubles cognitifs ou mentaux sévères
- alcoolisme ou toxicomanie non sevrés
- grossesse, désir de grossesse, allaitement
- refus du suivi médical et des consignes diététiques
- trouble du comportement alimentaire à type de boulimie
- antécédent de chirurgie gastrique ou antireflux, de pose d’un anneau gastrique
- volumineuse hernie hiatale (> 5 cm), ulcère gastroduodénal, œsophagite sévère de grade III ou IV
- traitement anti-inflammatoire, anomalie de la coagulation, traitement anticoagulant ou antiagrégant
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Les études
Depuis de nombreuses années, l’effet du ballon Orbera® sur la perte de poids a été évalué à court terme par de nombreuses séries ouvertes mais a fait aussi l’objet d’essais randomisés contrôlés. Ces études retrouvent une perte de poids significativement plus importante avec un ballon gastrique associé à une prise en charge comportementale qu’un suivi seul, aussi bien au retrait du ballon que six mois ou un an après le retrait de celui-ci. Une méta-analyse récente reprenant les résultats de 36 études (n = 6 101) a confirmé l’efficacité du ballon gastrique avec une perte de poids de 15,7 ± 5,3 kg, une baisse du BMI de 5,9 ± 1,0 kg/m2 et un pourcentage EWL (Excess weight loss) de 36,2 ± 6,3 %. Une autre méta-analyse portant sur 55 études (n = 6 645) a retrouvé un pourcentage TBWL (Total body weight loss) à six mois de 13,2 %.
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Suivi et prise en charge
La prise en charge pluridisciplinaire associée à la pose du ballon est essentielle pour l’efficacité à long terme. Elle associe un rééquilibrage diététique, une modification du comportement alimentaire et la reprise d’une activité physique. Cette prise en charge doit être personnalisée, adaptée au contexte culturel, psychologique et à la condition physique. La restriction cognitive est inefficace et elle expose à la reprise de poids et au phénomène de « yoyo ». La motivation dans le temps est difficile du fait du manque de temps, des problèmes familiaux et de travail. La prise en charge doit s’intégrer dans l’emploi du temps des patients. Les gastroentérologues posant des ballons gastriques doivent avoir une équipe pluridisciplinaire qui prenne en charge leurs patients pendant la durée de la pose du ballon et au moins six mois après le retrait de celui-ci. Lorsque cette prise en charge physique n’est pas possible, une prise en charge par téléconsultations doit être mise en place an association à la pose du ballon gastrique comme le propose Apollo Endosurgery avec le Ballon Orbera® avec Orbera Coach ou Reshape avec le ballon Reshape® aux États-Unis avec Reshap portal ou MethodCO (www.methodco.fr) en France.
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Résultats
La perte de poids induite par le ballon gastrique permet d’améliorer les comorbidités associées à l’obésité. La stéatose hépatique diminue et le syndrome métabolique s’améliore. Le diabète de type II, l’élévation du LDL- cholestérol, l’hypertriglycéridémie et l’HTA sont corrigés ou améliorés chez plus de 80 % des patients et cet effet persiste un an après le retrait du ballon. Une amélioration significative du syndrome d’apnée du sommeil et de l’infertilité a aussi été rapportée. La qualité de vie des patients est améliorée. La perte de poids avec le ballon Héliosphère Bag® semble similaire à celle observée avec le ballon Orbera®. L’intérêt éventuel de la pose d’un ballon gastrique chez les patients superobèses avant la réalisation d’un bypass gastrique pour diminuer les risques anesthésiques, les difficultés techniques, le taux de conversion et les complications n’a pas été retrouvé par les études prospectives. La pose d’un deuxième ballon, immédiatement au décours du retrait ou à distance de celui-ci, améliore encore la perte de poids, mais l’effet est quantitativement moindre que celui observé avec le premier ballon. La perte de poids semble plus importante avec le ballon Spatz® ajustable mais les séries sont limitées.
Ballons commercialisés en 2017 en France / Obalon Balloon (Obalonm Therapeutics, Inc., San Diego, Calif, États=Unis) | |||||||
Marque | Modèle | Enveloppe | Durée (mois) | Remplissage | Volume (ml) | Ajustable | Indication |
Apollo | Orbera | Silicone | 6 | Eau | 500-700 | Non | IMC > 27 |
Endosurgery | Orbera 365 | 12 | Eau | 500-700 | Non | IMC > 27 | |
Sterlab | Medsil | Silicone | 6 | Eau | 500-700 | Non | IMC > 30 |
Endalis | End-Ball | Polyuréthane | 6 | Eau-air | 600-800 | Non | IMC > 30 |
Sterlab | Spatz | Silicone | 12 | Eau | 400-800 | Oui | IMC > 27 |
Hélioscopie | Bag | Polyuréthane | 6 | Air | 400-800 | Non | IMC > 30 |
Hélioscopie | Bag-pré-op | Polyuréthane | 6 | Air | 400-800 | Non | IMC > 30 |
Allurion | Ellipse | Polyuréthane | 4 | Eau | 500 | Non | IMC > 27 |
Allergan, Irvine, États-Unis - Medsil, Moscou, Russie - Endalis, Brignay, France - Sterlab, Vallauris, France - Hélioscopie, Vienne, France - Allurion, Natik, États-Unis |
Ballons accepté par la FDA | |||||||
Marque | Modèle | Enveloppe | Durée (mois) | Remplissage | Volume (ml) | Ajustable | Indication |
Apollo | Orbera | Silicone | 6 | Eau | 500-700 | Non | IMC > 27 |
Reshape Integrated | Reshape | Silicone | 6 | Eau | 900 | Non | IMC > 30 |
Dual Balloon | Medical | ||||||
Obalon | Obalon | Nylon | 3 | Air | 250-750 | Oui | IMC > 27 |
Polyuréthane | |||||||
Allergan, Irvine, États-Unis - Redshape Medical, San Clemente, États-Unis - Obalon, Carlsbad, États-Unis |
Les effets secondaires
Des effets secondaires sont souvent observés au décours immédiat de la pose du ballon.
- Des traitements sont prescrits pour prévenir ou atténuer les nausées, les vomissements et les douleurs abdominales.
- Une déshydratation (1,6 %) et une hypokaliémie (0,4 %) peuvent entraîner une hospitalisation.
Le retrait précoce du ballon est parfois nécessaire (1 à 3 %). - Une symptomatologie de reflux est parfois observée malgré le traitement antisécrétoire (0,5–1,8 %).
- Des érosions ou des ulcérations gastriques ou œsophagiennes sont possibles. Le dégonflage spontané du ballon peut survenir surtout si sa durée d’utilisation n’est pas respectée. Il existe alors un risque d’occlusion intestinale, en particulier chez les patients ayant un antécédent de chirurgie abdominale.
- Les complications sévères sont plus rares (0,1 à 0,2 %), principalement à type de perforation gastrique, dont le risque est plus fréquent avec les antécédents de chirurgie œsogastroduodénale.
- La rupture œsophagienne lors de la pose ou de la dépose du ballon et la pancréatite aiguë sont exceptionnelles.
- La mortalité est de 0,06 à 0,1 %, due le plus souvent aux complications d’une perforation gastrique.
Une perte de poids siginificative
Les ballons gastriques entraînent une perte de poids avec un pourcentage EWL significatif et une amélioration des comorbidités chez les patients obèses. La morbidité est modérée.
Ce sont des starters qui permettent d’initier une perte de poids, de renforcer la motivation des patients pour changer de comportement alimentaire et reprendre une activité physique.
La prise en charge pluridisciplinaire par des équipes dédiées en physique ou par téléconsultation est le seul garant d’un résultat pérenne grâce au changement du mode de vie.
Pour plus d'informations, contactez-nousRéférences bibliographiques
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